La réforme des hôpitaux votée avec le soutien de la N-VA : voici à quoi pourrait ressembler le futur paysage hospitalier
Le projet de loi de Maggie De Block a été adoptée jeudi soir à la Chambre.
- Publié le 15-02-2019 à 10h06
- Mis à jour le 15-02-2019 à 10h08
Le projet de loi organisant les hôpitaux en maximum 25 réseaux a été adopté jeudi soir à la Chambre par 71 votes pour, 0 vote contre et 52 abstentions. Le texte de la ministre de la Santé Maggie De Block (Open VLD) a reçu le soutien des trois partis du gouvernement minoritaire (MR, CD&V et Open VLD), ainsi que de la N-VA. Les autres partis se sont abstenus.
Pour le député PS André Frédéric, cité par l'agence Belga, "la nécessité de réformer le paysage hospitalier et le financement est une certitude mais elle souffre d'un manque de vision qui empêche de savoir si on se dirige vers des restrictions budgétaires ou vers une réforme de qualité".
"Logique purement économique"
"On passe à côté de l'essentiel. Il s'agit d'une logique purement économique et pas de santé publique", a dénoncé Catherine Fonck (CDH) appelant à remettre le travail sur le métier lors de la prochaine législature. La cheffe de groupe a par ailleurs regretté que de nombreuses règles ne seront prises que plus tard par arrêté royal, rendant difficile la mise en place des nouveaux réseaux.
La députée Sarah Schlitz (Ecolo) a regretté l'absence de remboursement et d'accompagnement des patients qui devront se faire soigner loin de chez eux.
Sur le terrain
Sur le terrain, les hôpitaux s'activent. Chacun d’eux doit s’affilier à un réseau hospitalier "locorégional" d’ici le 1er janvier 2020. Objectif : rationaliser l’offre en encourageant les établissements à travailler davantage les uns avec les autres afin d’améliorer les soins aux patients.
Vingt-cinq réseaux
Mais rien n’est encore tranché. Seule certitude, le nombre maximal de réseaux hospitaliers que pourra compter chaque région. En Flandre, c’est 13. En Wallonie, 8. Et à Bruxelles, 4. Au total, donc, maximum 25 réseaux, couvrant chacun une population de 400 000 à 500 000 personnes. Des réseaux d’hôpitaux (et non des fusions, nuance importante) qui auront pour mission d’organiser les soins de base qui, pour diverses raisons (prévalence, faible coût, urgence…), doivent ou peuvent être proposés à proximité des patients. Les soins plus spécialisés ou plus rares seront, quant à eux, pris en charge à un niveau suprarégional et sur un nombre limité de sites. Les réseaux locaux devant conclure des conventions avec ces points de référence.
Mais comment ces réseaux vont-ils se constituer ? Qui va collaborer avec qui ? Si, côté flamand, les discussions sont déjà bien avancées, côté francophone, il reste encore beaucoup d’inconnues.
Voici tout de même, selon les informations glanées par La Libre, une ébauche de ce à quoi pourrait ressembler le futur paysage hospitalier lorsque la réforme entrera en vigueur.
1. À Bruxelles, quatre réseaux, dont un flamand
Dans la capitale, les discussions se sont récemment accélérées. D’une part, les cliniques universitaires Saint-Luc (UCL), à Woluwe, ont signé une déclaration d’intention visant la création d’un réseau avec la clinique Saint-Jean (Bruxelles) et la clinique Saint-Pierre (Ottignies). D’autre part, le Chirec, hôpital privé multi-site (Delta, Sainte-Anne/Saint-Rémi, Braine-l’Alleud) négocie la constitution d’un réseau avec Iris-Sud (les hôpitaux publics installés à Ixelles, Etterbeek, Schaerbeek et Anderlecht). Un troisième réseau se constituerait autour de l’hôpital Érasme (ULB) et des hôpitaux de la ville de Bruxelles (Brugmann, Bordet, Saint-Pierre et Hôpital des enfants Reine Fabiola). Enfin, un réseau néerlandophone se bâtirait autour de l’UZ Brussel (VUB), à Jette, associant des hôpitaux de Hal-Vilvorde, en Brabant flamand.
Et les Cliniques de l’Europe (St-Michel et Ste-Élisabeth) dans tout cela ? Elles restent en retrait pour l’instant. Si le schéma évoqué se concrétise, elles pourraient rejoindre le réseau UCL/Saint-Jean/Ottignies. Mais si, finalement, on devait revenir à une logique de piliers avec, d’un côté, tous les hôpitaux publics et l’ULB, et, de l’autre, tous les hôpitaux privés (Chirec et catholiques) et l’UCL, les Cliniques de l’Europe pourraient se joindre à ce pôle privé. Ce second scénario n’est cependant pas le plus probable.
2. En Brabant wallon, pas de réseau propre
Si le Chirec Braine-l’Alleud et l’hôpital Saint-Pierre d’Ottignies s’insèrent dans des réseaux bruxellois, il ne reste plus, en Brabant wallon, que l’hôpital de Tubize-Nivelles. Mais celui-ci fait partie du groupe Jolimont et devrait être rattaché à un réseau hennuyer.
3. En Hainaut, trois ou quatre réseaux
La province la plus peuplée sera logiquement celle qui comptera le plus de réseaux. Un premier réseau devrait être centré sur Charleroi, où les hôpitaux chrétiens (Grand hôpital de Charleroi) et publics (CHU) devraient s’entendre pour transcender les logiques de piliers. Y serait associé le Centre de santé des Fagnes, à Chimay. Un second devrait associer le CHwapi de Tournai, le groupe Epicura (Hornu, Baudour, Ath, Frameries) ainsi que, vraisemblablement, le CHR Haute-Senne de Soignies. Le Centre hospitalier de Mouscron, discret jusqu’ici, pourrait rejoindre ce réseau du Hainaut occidental. Enfin, il reste à voir ce que feront les hôpitaux montois et louviérois. Le groupe Jolimont (Jolimont La Louvière, Lobbes, CHR de Mons et Tubize-Nivelles) constituera-t-il un réseau (privé) à lui seul ? Ou bien s’associera-t-il aux hôpitaux publics CHU Tivoli (La Louvière) et Ambroise Paré (Mons) ? La réponse à cette question dira si l’on compte in fine 3 ou 4 réseaux en Hainaut.
4. En province de Namur, un seul réseau associant public et privé
Les six hôpitaux de la province (CHR Namur, CHR Val de Sambre, Saint-Luc Bouge, Sainte-Élisabeth Namur, CHU Mont-Godinne (UCL) et CHU Dinant) étaient en discussion pour former un réseau namurois unique. Selon nos informations, ces négociations viennent tout juste d’aboutir à un protocole d’accord.
5. En province de Liège, un réseau public et un réseau privé
À Liège, on semble se diriger vers la constitution de deux réseaux. L’un associant les hôpitaux publics autour du CHU de Liège (ULiège). L’autre regroupant les hôpitaux chrétiens (y compris germanophones) autour du CHC, qui s’implantera cette année au MontLegia. Une question subsiste : que fera le CHR de Verviers ? Se joindra-t-il, comme son statut public l’y invite, à l’immense réseau public ? Ou, au contraire, à l’instar du CHC de Heusy, tout proche, s’associera-t-il au réseau chrétien, ce qui équilibrerait quelque peu les deux réseaux liégeois ?
6. En province de Luxembourg, un seul réseau public
Enfin, dans le Luxembourg, tous les hôpitaux (Marche, Libramont et Arlon), gérés par l’intercommunale Vivalia, doivent logiquement s’associer en un seul réseau qui comptera à terme deux sites principaux : Marche et le nouveau CHR, à Habay.